Voilà un peu plus d’un mois que je suis revenue en France, et je me sens enfin prête à vous parler de Jakarta. Pour me comprendre, il va falloir que je vous resitue dans le contexte : on a passé une semaine idyllique à Bali qu’on est blasées de devoir quitter, on a lu et entendu beaucoup de choses négatives au sujet de Jakarta et on a essayé de changer nos billets d’avion sans succès pour y passer moins de temps que prévu.
Il a donc fallu y aller à Jakarta… Et on y est allé à reculons. On a voulu faire fi de tout a priori négatif au sujet de cette ville, et s’en faire notre propre idée. Alors nous avons pris l’avion samedi le 14 mai et nous avons atterri à Jakarta en fin de matinée. Nous avions préalablement réservé une chambre sur internet, par peur de s’y perdre dans cette grande ville aux 10 millions d’habitants. Et en fait, on pensait que ce serait plus simple de se repérer avec une adresse en poche. Que t’chi.
Une fois nos sacs récupérés, nous sortons de l’aéroport pour réfléchir au meilleur moyen de rejoindre l’hôtel. La chaleur est écrasante et l’air est très pollué ici. On décide de demander le prix du trajet à un chauffeur de taxi et on se fait harponner par un mec qui a l’air trop sûr de la super offre qu’il a à nous faire pour que nous y croyions. Il nous demande 250 000 roupies, ce qui nous semble énorme pour la courte distance qu’il nous faut parcourir. On lui dit qu’on va essayer de se débrouiller avec les bus. Il insiste en nous disant qu’aucun bus ne va là-bas. Il est lourd. On s’en va.
On trouve alors une jeune fille qui travaille à l’aéroport et on lui demande où se trouvent les stations de bus les plus proches. On entend un mec crier derrière nous. On se retourne. Le chauffeur de taxi relou lui dit quelque chose en indonésien et la fille s’en va. Super… Comme des grandes, on finit par trouver une station de bus et on demande un ticket pour Slipi Jaya, le quartier où se situe l’hôtel. On nous vend un billet pour 40 000 roupies et on nous montre où se trouve le bus que nous devons prendre. On n’a jamais su si on a acheté le mauvais billet ou si on est monté dans le mauvais bus. Quoi qu’il en soit, on a fini sur un trottoir bien loin de notre hôtel.
Allez, ne désespérons pas ! Allons demander notre chemin à quelqu’un ! On se remet en route en traînant franchement des pieds, nos sacs sont lourds, on peste et c’est le moment que choisit une nana pour nous demander si on veut bien faire un selfie avec elle. P*ta*n de m*rde, d*g*ge !! Une fois la photo faite, on se dirige vers un hôtel et on demande au vigile planté devant de nous aider. Il nous explique qu’on est effectivement loin de notre point de chute et il nous dirige vers un taxi Blue Bird. Ce sont des taxis avec compteurs, donc les arnaques sont moins courantes. Un chauffeur nous conduit donc à notre hôtel pour 50 000 roupies. Ouffff…
Enfin…. C’est un ouffff mesuré qui veut dire « on a enfin réussi à rejoindre notre hôtel ». Parce qu’au moment où la voiture s’arrête, on se demande dans quoi on a mis les pieds. Le quartier est sale et loin de tout. Un « léger » sentiment d’insécurité nous envahit alors… Mais bon, on ne va pas se décourager maintenant. On entre dans l’hôtel, on paie – Tiens, c’est la 1ère fois qu’on nous demande de payer avant la fin du séjour… – et on se dirige vers notre chambre. Au moment où la porte s’ouvre, une odeur de moisi s’en dégage. Il n’y a pas de fenêtre, on aperçoit des tâches d’humidité sur les murs, le sol est dégoûtant. A ce moment-là, terrible coup de déprime. Chacune se pose dans son coin et se replie. Plus que 2 jours avant de rentrer à la maison…
On tente une balade dans l’après-midi, qui finit de nous achever. Certains habitants nous regardent de travers, aucun resto dans les environs, impossible de marcher sans manquer de se tordre une cheville ou de se faire renverser par un véhicule… On retourne dans notre cellule dans un état de léthargie qui finit en hystérie au moment où Tatjana sent un ver lui tomber dessus. Elle court à la réception chercher quelqu’un à qui montrer l’asticot débarqué de nulle part. Le mec ne parle pas anglais alors on lui fait des signes pour qu’il comprenne ce qui ne va pas. Il nous change de chambre, mais l’hygiène y est tout autant douteuse. Il nous installe alors dans une pièce pourvue d’une fenêtre et on se sent tout de suite un peu mieux. On arrive enfin à s’endormir après cette éprouvante journée, sans vraiment savoir ce que nous allons faire le lendemain.
Et puis à 4h30, nous sommes réveillées par le 1er appel à la prière de la journée. Eh oui, on a la chance d’avoir un haut-parleur tout près de notre fenêtre, ce qui nous permet d’apprécier la douce et mélodieuse voix du muezzin pendant plus d’une heure. Là c’en est trop. On craque. Impossible de se rendormir après tout ce boucan. Et on n’a même plus l’énergie pour sortir ou faire quoi que ce soit. En fin d’après-midi, on se force tout de même à bouger un peu et on décide d’aller visiter un immense centre commercial. Nostalgie…
Finalement, c’est la seule véritable sortie que nous aurons faite à Jakarta. On était tellement pressées de quitter cette ville que nous sommes allées à l’aéroport le + tôt possible, quitte à attendre notre avion près de 8h, le jour du départ. Avec le recul, visiter Jakarta a certainement été le meilleur moyen d’être pressées de rentrer à la maison. Mais on s’en serait bien passé quand même…